22 janvier 2012

TEXTES SACRÉS DE LA VIE QUOTIDIENNE: LES PARABOLES



Yeshua


De petits événements de la vie quotidienne qui adviennent sous ses yeux, que ses disciples remarquent, peuvent être pour Jésus prétexte à un enseignement: une pauvre femme qui glisse quelque menue monnaie dans le tronc des offrandes du Temple; les malades qui se pressent à la piscine de Bethesda à Jérusalem; les scribes qui se promènent en longues robes sur les places publiques. Le travail des champs qui demeure grand symbole de la vie et qui a tant inspiré les religions antiques lui inspire plusieurs paraboles.
Jésus se réfère aux petits oiseaux du ciel, aux lis des champs: deux symboles traditionnels, l'un représentant les âmes humaines libérées de leurs corps et pouvant s'élever dans le ciel, l'autre, le lis, évoquant la pureté, l'innocence, la virginité, et par là-même, symbole de grâce, d'élection divine, de réceptivité à l'invisible.


L'Annonciation à Marie, détail
by Melozzo da Forlì (ca. 1438-1494)

Le bon arbre qui porte de bons fruits est à la fois un tableau familier et une référence au grand thème de l'arbre de vie qui rappelle celui du jardin paradisiaque d'Adam et Ève. Le loup et l'agneau devaient solliciter vivement l' imagination des gens pour qui ces animaux étaient une préoccupation journalière. De même l'image du berger qui est allé chercher sa brebis et la porte sur l'épaule, celle de l'aveugle qui en guide un autre, en ce pays, à cette époque où la cécité est si fréquente, celle des voleurs qui s'introduisent dans une maison.
Tout relève des faits les plus banals, ceux que souvent on oublie de regarder tant ils sont familiers: la poule qui rassemble ses poussins sous son aile, la ménagère qui a perdu une pièce de monnaie, le drap neuf qu'on ne coud pas à un vieil habit, le vin nouveau, un animal tombé dans le puits, la vente des passereaux, le vol des corbeaux, les nuages du couchant, les champs mûrs pour la moisson, la vie de chaque jour, saisie sur le vif, qui donne au texte sacré une vérité humaine émouvante.
Seules sont exclues  les violences,  les scènes de chasse, dont les poètes et les artistes, surtout en Orient, feront un sujet de choix, les immolations d'animaux, les bagarres qui devaient éclater parfois entre voisins de ferme ou de village.
Tout cela s'harmonise avec le milieu dans lequel il évolue, avec les intérêts de son auditoire. Il parle peu de la vie des grands que les gens qui l'écoutent ne connaissent pas.


Jean-Paul Roux, 1925-2009, historien de la culture islamique
directeur de recherche au CNRS
in Jésus, éd. Fayard

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