14 janvier 2012

LA PRIÈRE COMME REPOS


Photo "Pèlerin hors-série"

La Bible nous dit que la prière peut devenir repos: Venez à moi vous tous qui peinez... Prenez sur vous mon joug... car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Matthieu 11, 28-29
Certes, ce repos ne peut être que ponctuel, eu égard à notre condition de pèlerins en chemin vers la Jérusalem céleste. Cela étant, nous avons peut-être du mal à cerner la nature de ce repos en Christ vers lequel nous achemine la prière? Et de fait... il n'est autre que cette paix née de l'absolue présence à Dieu, au sein de laquelle nous nous oublions pour être là, simplement. Nous pouvons y reconnaître alors le fruit de tout un travail d'unification opéré par l'Esprit et la Parole de Dieu - Jésus ne parle-t-il pas de son joug, une image traditionnelle dans le judaïsme pour désigner la Torah, l'Écriture ruminée et mise en pratique dans le concret de l'existence? Car c'est de leur action conjuguée que peut naître ce repos qui constitue une trève dans nos monologues intérieurs, nos désirs contraires,nos inquiétudes...
Le Christ nous révèle encore une autre facette de cette expérience. Matthieu évoque l'humilité de coeur de Jésus. Une vertu qui peut nous paraître bien éculée! Mais c'est oublier son sens profond qui est d'habiter notre terre, notre humus personnel, c'est-à-dire notre réalité humaine telle qu'elle est et non telle que nous la rêvons. De cette réconciliation profonde avec nous-même naît cette paix.
Ce repos  en Dieu n'a rien à voir avec un évitement des réalités humaines ou avec une simple expérience psychologique de bien-être, mais il nous prépare à reprendre la route et à porter sur nous-mêmes et sur autrui un regard apaisé et aimant.

Soeur Emmanuelle Billoteau, ermite bénédictine
in 40 jours de retraite
Hors-série de Prions en Église, éd. Bayard

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