7 janvier 2010

ORIGINES DE LA VIERGE NOIRE



Vierge noire romane, Le Puy

Les Vierges Noires sont apparues pour la plupart vers les 11° et 12° siècles.
Elles sont pratiquement toutes des Vierges "en majesté" (et non pas des Vierges de l'Annonciation ou des Vierges allaitant Jésus).
Il s'agirait peut-être de la christianisation des dévotions populaires à Diane, la déesse de la nuit des Grecs, ou à Annis, la divinité celte, ou à Cybèle, la divinité gauloise de la terre et de la maternité.
(Cette interprétation est toutefois très controversée. Consulter à ce sujet le message "Je suis noire mais je suis belle" sur ce blog - ndlr)
Les moines bénédictins, qui semblent avoir fait connaître les Vierges Noires, évoquaient à propos de Marie, l'image de la lune dont l'éclat provient du soleil, comme celui de Marie vient du Christ.

Une statue en bronze de la Vierge, emportée de Lyon vers Alger et patinée par le temps est sans doute à l'origine de la Vierge Noire du sanctuaire marial à Alger, 19°s.
La statue de Notre Dame d'Afrique a aussi tout une histoire. Habillée d'une robe opulente brodée, la statue est en fait une œuvre en bronze, imitation d'une statue d'argent faite par Bouchardon ( 1698-1762), et détruite pendant la Révolution française. La position de la Vierge, visage souriant incliné et mains tendues en accueil est typique de ce qui a été appelé la  Vierge fidèle, modèle connu de Catherine Labouré et de Thérèse de Lisieux.

Pierre Goinard in "L'Algérianiste" déc.1989, (en ligne)

Au sujet des „vierges noires“ personne ne songe à dissimuler le caractère préchrétien de ces statues noircies et souvent habillées d’or. Saint Augustin lui-même conseillait de convertir les idoles plutôt que de les détruire.

On a prêté aux Vierges noires une origine proche-orientale à cause de la couleur de leur bois, et il est vrai que certaines ont été ramenées de Terre sainte. Mais la plupart d’entre elles existaient bien avant les pèlerinages à Jérusalem. On prétendait que beaucoup de statuettes étaient libanaises ou phéniciennes parce que sculptées dans du cèdre ou du genévrier, en oubliant qu’il y avait des genévriers en Camargue. En fait, beaucoup de sortes de bois ont été utilisées: le noyer, l’olivier, le cèdre…
C’est au XI° siècle que ces dames de „sous terre“sont apparues, ou plutôt réapparues dans les lieux d’origine celtique. Elles étaient nombreuses en Auvergne: vierges noires du Puy-en-Velay, d’Orcival, d’Aurillac, de Saint-Flour, du Puy, de Mende, de Clermont, de Murat, etc. Et dans bien d’autres lieux en Europe: en Pologne, à Czestochowa; au Piemont, à Biella, la Vierge d’Oropa, etc.
Les vierges noires ont des caractéristiques communes. D’abord elles sont en majesté. Ensuite, dans leur représentation, elles sont assises et ont les mains plus grandes que la normale, les doigts étant de la même longueur. Elles présentent souvent une cache dans le dos, pour y mettre soit une relique soit un parchemin. Caractéristique exceptionnelle: elles sont toutes pratiquement de la même taille; le rapport entre la hauteur, la largeur et la profondeur est toujours le même!
Vierge de Montserrat
Vous remarquerez par ailleurs que le Christ qu’elles tiennent sur les genoux a un visage d’adulte. Ce n’est pas de la maladresse, comme il a été dit. Quand un sculpteur est capable de rendre la sérénité, il peut rendre la jeunesse; or l’enfant Jésus a toujours un visage d‘adulte. Et elles ont aussi l‘autre particularité d‘être toujours en bois. On les retrouve souvent enterrées ou dans des arbres creux, sur des lieux celtiques, mégalithiques, et souvent sur les chemins de Compostelle. Seules les copies, plus récentes, sont faites dans les matériaux les plus divers.
Certaines vierges noires ont incontestablement été ramenées d’Orient. En effet, le Cantique des Cantiques du roi Salomon, si cher à saint Bernard, commence par: „Je suis noire et pourtant je suis belle, fille de Jérusalem…“ Peut-être est-ce pour cela que certains sculpteurs du Moyen-Âge ont pris des bois noirs. En tout cas, l’Orient n’est pas étranger au culte des vierges noires“.

Extrait de „En route pour Compostelle. Le guide des pèlerins d’aujourd‘hui “
par Michel Ducros. Editions du Relié, 2000. pp.189-190

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